N'écris pas -Je suis triste, et je voudrais m'éteindre Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre, Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau N'écris pas ! N'écris pas - N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes Ne demande qu'à Dieu ... qu'à toi, si je t'aimais ! Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes, C'est entendre le ciel sans y monter jamais N'écris pas ! N'écris pas - Je te crains; j'ai peur de ma mémoire; Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire Une chère écriture est un portrait vivant N'écris pas ! N'écris pas ces mots doux que je n'ose plus lire : Il semble que ta voix les répand sur mon cœur; Et que je les vois brûler à travers ton sourire; Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur N'écris pas !
Les roses de Saadi
J'ai voulu, ce matin, te rapporter des roses; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les nœuds trop serrées n'ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir;
La vague en a paru rouge et comme enflammée : Ce soir, ma robe encore en est toute embaumée… Respires-en sur moi l'odorant souvenir. Poésies, 1830.
Madame Henri Rousseau monte en ballon captif Elle tient un arbrisseau Et le douanier Rousseau prend son apéritif
L'aloès gonflé de lune Et l'arbre à fauteuils Et ce beau costume Et la belle lune Sur les belles feuilles
Le lion d'Afrique Son ventre gros comme un sac Au pied de la République Le lion d'Afrique Dévore le cheval de fiacre
La lune entre dans la flûte Du charmeur noir Yadwigha endormie écoute Et il sort de la douce flûte Un morceau en forme de poire.
El poeta es exacto. La poesía es exactitud...
El poeta es exacto. La poesía es exactitud. Desde Baudelaire, el público ha comprendido, poco a poco, que la poesía es uno de los medios más insolentes de decir la verdad.
No existe arma de mayor precisión; y para defenderse, con una defensa instintiva, de la angustia de la exactitud y de las claridades reveladoras, se obstinan las gentes en confundir la poesía con la mentira, la viveza de espíritu con la paradoja.
¿Para qué referir una historia que no lleve en sí el peso inimitable de la verdad? ¿Para qué Memorias imaginarias, falsas anécdotas, frases que se equivocan de labios y recuerdos pintorescos? El peso muerto de la inexactitud abruma de fatiga.
Muy distinto es el haz de luz de un proyector, que se pasea por la superficie de esa noche acumulada detrás de cada uno de nosotros y que se detiene sobre un rostro, un acto o un lugar significativos, de forma que les dé el máximo de fuerza expresiva y de resurrección.[...]
1934-1935. Un telón cae, un telón se levanta. La vida ha muerto, viva la vida! Ha muerto una época, que he vivido desde su comienzo intensamente, pero contra toda mi voluntad; mis antenas me anuncian que empieza una era nueva en la que entreveo la nobleza cuyos signos me agradan. Aprovecho unos minutos de entreacto para levantarme, descansar, volverme y pasear mi anteojo. [...]
Un señor, cuyo papel de cartas se embellece con profusión de lugares comunes grabados: Legión de Honor..., Palmas Académicas... , teléfono... , telégrafo... , me censura el empleo de lugares comunes que ruedan por todas partes. Yo enrojecería de vergüenza si el periodismo no me diera el ejemplo y el estilo frívolo que exige no comportase el uso de tales términos; unos, sin excusa; otros, magníficos, firmes en sus pedestales de mármol puro, verdaderas obras maestras de los siglos. ¿Nacieron alguna, vez? ¿Salieron, sin padre, del fondo de las excavaciones?
Un agricultor encuentra los brazos de la Venus de Milo. ¿A quién pertenecen? ¿A la Venus de Milo o al agricultor? Pertenecen al mito. Se abrazan al cuello de la poesía. Son serpientes blancas que tienen vida propia. ¡Qué delicia emplear los: «No obstante », "En resumen », «Por lo demás... », «Aparte de », «En una palabra » que se ensamblan ellos solos como fragmentos de un puzzle!
Perdóname, lector. Compréndeme. Ayúdame. Juega conmigo. No te quedes en pie delante de mi mesa. Conviene escribir y leer juntos esta prosa con plantilla y por retazos.
Fragmento de "Retratos-Recuerdo" 1935 Traducción de Enrique López Martín De "Obras escogidas" Editorial Aguilar 1966
"Lautréamont es el único hombre que ha sobrepasado la locura. Todos nosotros no estamos locos, pero podemos estarlo. Él, con este libro se sustrajo a esa posibilidad, la rebasó".
Ramón Gómez de la Serna
Chants de Maldoror
CHANT IV, 4
Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n’ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la chair. Cependant mon cœur bat. Mais comment battrait-il, si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre(je n’ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et, quand l’un d’eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez garde qu’il ne s’en échappe un, et ne vienne gratter, avec sa bouche, le dedans de votre oreille : il serait ensuite capable d’entrer dans votre cerveau. Sous mon aisselle droite, il y a un caméléon qui leur fait une chasse perpétuelle, afin de ne pas mourir de faim : il faut que chacun vive. Mais, quand un parti déjoue complètement les ruses de l’autre, ils ne trouvent rien de mieux que de ne pas se gêner, et sucent la graisse délicate qui couvre mes côtes : j’y suis habitué. Une vipère méchante a dévoré ma verge et a pris sa place : elle m’a rendu eunuque, cette infâme. Oh ! si j’avais pu me défendre avec mes bras paralysés ; mais, je crois plutôt qu’ils se sont changés en bûches. Quoi qu’il en soit, il importe de constater que le sang ne vient plus y promener sa rougeur. Deux petits hérissons, qui ne croissent plus, ont jeté à un chien, qui n’a pas refusé, l’intérieur de mes testicules : l’épiderme, soigneusement lavé, ils ont logé dedans. L’anus a été intercepté par un crabe ; encouragé par mon inertie, il garde l’entrée avec ses pinces, et me fait beaucoup de mal ! Deux méduses ont franchi les mers, immédiatement alléchées par un espoir qui ne fut pas trompé. Elles ont regardé avec attention les deux parties charnues qui forment le derrière humain, et, se cramponnant à leur galbe convexe, elles les ont tellement écrasées par une pression constante, que les deux morceaux de chair ont disparu, tandis qu’il est resté deux monstres, sortis du royaume de la viscosité, égaux par la couleur, la forme et la férocité. Ne parlez pas de ma colonne vertébrale, puisque c’est un glaive. Oui, oui... je n’y faisais pas attention... votre demande est juste. Vous désirez savoir, n’est-ce pas, comment il se trouve implanté verticalement dans mes reins ? Moi-même, je ne me le rappelle pas très clairement ;cependant, si je me décide à prendre pour un souvenir ce qui n’est peut-être qu’un rêve, sachez que l’homme, quand il a su que j’avais fait vœu de vivre avec la maladie et l’immobilité jusqu’à ce que j’eusse vaincu le Créateur, marcha, derrière moi, sur la pointe des pieds, mais, non pas si doucement, que je ne l’entendisse. Je ne perçus plus rien, pendant un instant qui ne fut pas long. Ce poignard aigu s’enfonça, jusqu’au manche, entre les deux épaules du taureau des fêtes, et son ossature frissonna, comme un tremblement de terre. La lame adhère si fortement au corps, que personne, jusqu’ici, n’a pu l’extraire. Les athlètes, les mécaniciens, les philosophes, les médecins ont essayé, tour à tour, les moyens les plus divers. Ils ne savaient pas que le mal qu’a fait l’homme ne peut plus se défaire ! J’ai pardonné à la profondeur de leur ignorance native, et je les ai salués des paupières de mes yeux. Voyageur, quand tu passeras près de moi, ne m’adresse pas, je t’en supplie, le moindre mot de consolation : tu affaiblirais mon courage. Laisse-moi réchauffer ma ténacité à la flamme du martyre volontaire. Va-t’en... que je ne t’inspire aucune piété. La haine est plus bizarre que tu ne le penses ; sa conduite est inexplicable, comme l’apparence brisée d’un bâton enfoncé dans l’eau. Tel que tu me vois, je puis encore faire des excursions jusqu’aux murailles du ciel, à la tête d’une légion d’assassins, et revenir prendre cette posture, pour méditer, de nouveau, sur les nobles projets de la vengeance. Adieu, je ne te retarderai pas davantage ; et, pour t’instruire et te préserver, réfléchis au sort fatal qui m’a conduit à la révolte, quand peut-être j’étais né bon ! Tu raconteras à ton fils ce que tu as vu ; et, le prenant par la main, fais-lui admirer la beauté des étoiles et les merveilles de l’univers, le nid du rouge-gorge et les temples du Seigneur. Tu seras étonné de le voir si docile aux conseils de la paternité, et tu le récompenseras par un sourire. Mais, quand il apprendra qu’il n’est pas observé, jette les yeux sur lui, et tu le verras cracher sa bave sur la vertu ; il t’a trompé, celui qui est descendu de la race humaine, mais, il ne te trompera plus : tu sauras désormais ce qu’il deviendra. Ô père infortuné, prépare, pour accompagner les pas de ta vieillesse, l’échafaud ineffaçable qui tranchera la tête d’un criminel précoce, et la douleur qui te montrera le chemin qui conduit à la tombe.
Brise Marine La chair est triste, hélas! Et j'ai lu tous les livres. Fuir! Là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres D'être parmi l'écume inconnue et les cieux! Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe O nuits! Ni la clarté déserte de ma lampe Sur le vide papier que la blancheur défend Et ni la jeune femme allaitant son enfant. Je partirai! Steamer balançant ta mâture, Lève l'ancre pour une exotique nature! Un Ennui, désolé par les cruels espoirs, Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs! Et, peut-être, les mâts, invitant les orages Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots... Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots! Stéphane Mallarmé
Robert Desnos poeta surrealista francés, formará parte de la Resistencia hasta su detención el 22 de febrero de 1944, fue deportado a Buchenwald. Agotado por las privaciones, enfermo del tifus, morirá en Theresienstadt, Checoslovaquia el junio de 1945, un mes después de su liberación del campo por los rusos. Este es su último poema, dedicado a su amor de siempre, y arriba la última imagen del poeta.
J'ai tant rêvé de toi
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant Et de baiser sur cette bouche la naissance De la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués En étreignant ton ombre A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas Au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante Et me gouverne depuis des jours et des années, Je deviendrais une ombre sans doute. O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps Sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé A toutes les apparences de la vie Et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, Je pourrais moins toucher ton front Et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, Couché avec ton fantôme Qu'il ne me reste plus peut-être, Et pourtant, qu'a être fantôme Parmi les fantômes et plus ombre Cent fois que l'ombre qui se promène Et se promènera allègrement Sur le cadran solaire de ta vie. Robert Desnos, "Corps et biens".
Halo d'amour pulvérisé L’espoir ne rentre plus J’ai ainsi rétréci Dans l’impératif du turquoise Errant sans enfant Le mot aiguille à tricoter Enfoncé A l’ombre de ton cœur Amour pulvérisé disais-je Vouloir le corps par-dessus tout Ventre cosmique Non point au prix infidèle D’un bouche en bouche Ecrit en ton sein Le réel pourrait douter de lui-même Amour pulvérisé disais-je Dans l'ennui des convenances Pas davantage un homme Dans la tête du portefaix Il y a une réticence lunatique A l’ambigüité des noms possibles Grain charmeur Sans aucun rapport Avec ce qui devait nous conduire Quelque part Salace pendule dans la morne plaine Où il n’y aurait pas moins de brouillard Amour pulvérisé disais-je Suivent dix lignes de la même désolation Et mille raisons de ne pas les écrire L’une d’elles est la corne de l’escargot Dans le matin blême de l’hiver sibérien L’autre est le regard anthropologique Quoiqu’à vrai dire je ne sais pas tout Si ça se trouve La réalité entière m’échappe Amour pulvérisé disais-je Prévisible comme un volcan mort. --------- Halo de amor pulverizado La esperanza ya no cabe Me estreché así En el imperativo turquesa Errando sin niño La palabra aguja de hacer punto Clavada Al amparo de tu corazón Amor pulverizado decía Querer el cuerpo por encima de todo Vientre cósmico No al precio infiel De un boca en boca Escrita en tu pecho La realidad podría no fiarse de si misma Amor pulverizado decía En el aburrimiento de las conveniencias Ni siquiera un hombre En la cabeza del mozo de cuerda Existe una reticencia lunática En la ambigüedad de los nombres posibles Grano encantador Sin relación ninguna Con lo que debía conducirnos A cualquier lugar Salaz péndulo en triste llano Donde no habría menos niebla Amor pulverizado decía Siguen diez líneas de la misma desolación Y mil razones para no escribirlas Una de ellas es el cuerno del caracol En la mañana descolorida del invierno siberiano La otra es la mirada antropológica Aunque a decir verdad no sé todo Tal vez La realidad entera de mí escapa Amor pulverizado decía Previsible como un volcán muerto.
J'écris brièvement. Je ne puis guère m'absenter longtemps. S'étaler conduirait à l'obsession. L'adoration des bergers n'est plus utile à la planète.(..) J'échangerais bien mon sabre contre un café ! François a vingt ans. Les Feuillets d'Hypnos (poèmes de la Résistance)
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(Cuatro edades)
III
Apretados los puños
Rotos los dientes
Con lágrimas en los ojos
La vida
Apostrofándome empujándome y riendo a medias
Yo espiga anticipada de las siegas de agosto
Distingo en la corola del Sol
Una yegua
Me abrevo en su orina.
IV
Mi amor es triste
Porque es fiel
No interpela el olvido de los demás
No cae de la boca como un diario del bolsillo
No es flexible en la angustia que en común se arremolina
No se aísla en las rompientes de la península simulando
pesimismo
Mi amor es triste
Pues está en la naturaleza turbada del amor ser triste
Como la luz es triste
La dicha triste
No has pasado libertad tus correas de arena.
Versión de Jorge Onfray
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Tu es plaisir
Tu es plaisir, avec chaque vague séparée des suivantes
Enfin toutes à la fois chargent.
C’est la mer qui se fonde, qui s’invente.
Tu es plaisir, corail de spasmes.
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Commune présence
Tu es pressé d'écrire
comme si tu étais en retard sur la vie
s'il en est ainsi fais cortège à tes sources
hâte-toi
hâte-toi de transmettre
ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
effectivement tu es en retard sur la vie
la vie inexprimable
la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
au bout de combats sans merci
hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière
si tu rencontres la mort durant ton labeur
reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride
en t'inclinant
si tu veux rire
offre ta soumission
jamais tes armes
tu as été créé pour des moments peu communs
modifie-toi disparais sans regret
au gré de la rigueur suave
quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
sans interruption
sans égarement
La vie aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent Les courants d'air claquent les portes et pourtant aucune chambre n'est fermée Il s'y assied des inconnus pauvres et las qui sait pourquoi certains armés Les herbes ont poussé dans les fossés si bien qu'on n'en peut plus baisser la herse
Quand j'étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges Ah comme j'y ai cru comme j'y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux Et ce qu'il en reste aux vieillards est trop lourd et trop court que pour eux le vent change
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude Vous n'aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix Je vois se plier votre épaule A votre front je vois le pli des habitudes
Bien sûr bien sûr vous me direz que c'est toujours comme cela mais justement Songez à tous ceux qui mirent leurs doigts vivants leurs mains de chair dans l'engrenage Pour que cela change et songez à ceux qui ne discutaient même pas leur cage Est-ce qu'on peut avoir le droit au désespoir le droit de s'arrêter un moment
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon coeur quatre fois y battre Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
Songez qu'on n'arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien
Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire Rappelez vous que nous avons aussi connu cela que d'autres sont montés Arracher le drapeau de servitude à l'Acropole et qu'on les a jetés Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l'histoire
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon coeur quatre fois y battre Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant En face pour savoir en triompher Le chant n est pas moins beau quand il décline Il faut savoir ailleurs l'entendre qui renaît comme l'écho dans les collines Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l'ensemble des chants
Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu'une voix se taise Sachez le toujours le chœur profond reprend la phrase interrompue Du moment que jusqu'au bout de lui même le chanteur a fait ce qu'il a pu Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon coeur quatre fois y battre Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
Para escribir un poema dadaísta Tome un periódico Tome unos pájaros En el periódico elija un artículo de la longitud que usted planea darle a su poema Recorte el artículo A continuación, recorte cuidadosamente cada palabra del artículo y póngalas en una bolsa Agite suavemente A continuación saque los recortes uno detrás de otro, ordenándolos en el mismo orden que salen de la bolsa Copie concienzudamente El poema será muy parecido a usted Ahora es un escritor de una sensibilidad infinitamente original y encantadora, aunque incomprendida por el vulgo. Tristan Tzara. Manifiesto del amor del amor débil y amargo. - 1921.
Quiero amor o la muerte, quiero morir del todo, quiero ser tú, tu sangre, esa lava rugiente que regando encerrada bellos miembros extremos siente así los hermosos límites de la vida.
« J'ai eu recours à des images bouleversantes. En particulier, je fixais l'image photographique – ou parfois le souvenir que j'en ai - d'un Chinois qui dut être supplicié de mon vivant. De ce supplice, j’avais eu, autrefois, une suite de représentations successives. À la fin, le patient, la poitrine écorchée, se tordant, bras et jambes tranchés aux coudes et aux genoux. Les cheveux dressés sur la tête, hideux, hagard, zébré de sang, beau comme une guêpe. » () « Le jeune et séduisant Chinois dont j'ai parlé, livré au travail du bourreau, je l'aimais d'un amour où l'instinct sadique n'avait pas de part : il me communiquait sa douleur, ou plutôt l’excès de sa douleur et c'était justement ce que je cherchais, non pour en jouir, mais pour ruiner en moi ce qui s'oppose à la ruine.»
Georges Bataille décrivant le « supplice des 100 morceaux ». Œuvres complètes/l'expérience intérieure.
Les temps passés où l’on vit Dieu lui-même, Manifesté dans sa jeune splendeur, Vouer à la précoce mort, suprême Élan d’amour, sa douce vie en fleur, N’ayant point repoussé la coupe amère Afin que cette mort nous fût plus chère.
Nos yeux brûlés d’angoisse et de regret Pleurent ces temps perdus dans la ténèbre. Rien ici-bas n’apaisera jamais L’ardente soif en nous comme une fièvre. Pour vous revoir encore, ô temps bénis, Reprenons le chemin du cher Pays.
Ah ! pourquoi retarder notre retour ? Depuis longtemps nos bien-aimés reposent. Leur tombe clôt la course de nos jours, La douleur vient, et le souci morose. Poursuivre notre quête - que nous sert ? Nos cœurs sont las, ce monde est un désert.
Illimité, mystérieux, Un doux frisson traverse tout notre être. J’ai cru surprendre au plus profond des cieux L’écho lointain de nos tristesses : Murmure, appel, nostalgique soupir Des bien-aimés là-bas pleins de désir. (Traduction Gustave Roud)
Même si je vide tous les bars d’ici à Elle, et au passage me livre au rite de l’occasionnelle, rien ne sera assez grand pour contenir sa larme.
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De nada sirve tener un alma. Aunque vacíe todos los bares de aquí a Ella, y al paso me entregue al rito de la ocasional, nada será bastante grande para contener su lágrima.
S’agissant de la mort, mourir d’une pièce et d’un coup, n’est pas nécessaire. On peut aussi mourir par morceaux, à crédit en quelque sorte. La jeunesse là-bas, dans une montagne sans nom. Le rire oublié sous l’oreiller avec une dent de lait. L’espérance et la tendresse, ici, au coin du cœur durci. L’amour dans le tournant et le sexe aux oubliettes. De l’illusion, juste après, le regard est déjà aveugle. Au pied du chêne, la trompète du silence fait un signe d’amitié, définitive. Je souris en la voyant arriver, elle n’aura pas grand-chose à emporter. La mort n’est rien.
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Tratándose de la muerte, morir de una pieza y de un golpe no es necesario. También podemos morir por pedazos, a crédito en cierto modo. La juventud allá, en una montaña sin nombre. La risa olvidada bajo la almohada, con un diente de leche. La esperanza y la ternura, aquí, en la esquina del corazón endurecido. El amor en una curva y el sexo en el pozo. De la ilusión, justo después, la mirada ya es ciega. Al pie del roble, la trompeta del silencio hace un signo de amistad, definitiva. Sonrío viéndola llegar, no tendrá gran cosa para llevarse. La muerte no es nada.
J’ai écrit, beaucoup, sur l’amour découvert si tard, trop tard sans doute, et dont je ne suis même pas certain de l’existence. J’aurais pu vous raconter la première plage hostile, la nuit, quand on vient de la mer. Vous parler du premier saut en parachute, narrer l’exaltation et les espoirs du combat révolutionnaire. Vous parler de plein de choses encore qu’ont rempli ma vie. Mais voila, au sommet de la colline, au bout de l’écriture, au bout du souffle, au bout du rien, il arrive un moment ou, si l’on veut échapper au pathétique, il faut choisir. Alors, on s’assoit et on regarde la vie partir lentement, dans la fumée d’une pipe.
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Escribí, mucho, sobre el amor encontrado, ya tarde, sin duda demasiado tarde, un amor del que ni siquiera estoy seguro que existió. Hubiese podido contarles la primera playa hostil, de noche, cuando se viene del mar, y el primer salto en paracaídas. Narrar la exaltación y las esperanzas del combate revolucionario. Contar muchas cosas que llenaron mi vida. Pero he aquí que, en la cumbre de la colina, al cabo de la escritura, al cabo del aliento, al cabo de la nada, llega el momento en que debemos escoger, si queremos escapar al patético. Entonces, nos sentamos y miramos la vida diluirse lentamente en el humo de una pipa.