viernes, 23 de diciembre de 2011

Tu me tues

Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit.
Marguerite Duras.



lunes, 12 de diciembre de 2011

Toi, ma vie

Un désir de caresse
dans le bleu de tes yeux
et te dire amour
au mépris du destin.

Il n’y a que cette vérité
Toi, ma vie
et mon silence qui bat la chamade.

martes, 6 de diciembre de 2011

En lambeaux

Je me souviens
d’une couleur
donnée au baiser,
les yeux
et même les bleus
d’une Lune en lambeaux.

sábado, 3 de diciembre de 2011

Cuál era el color

Dar un paso
y de camino sentarse
en un fragmento del escote,

juego de tristeza
y frío
tan grande como un gris,

¿cuál era el color
en los pliegues de su risa?

Sí, dar un paso
y de camino perderse
en una mueca sentimental.

viernes, 25 de noviembre de 2011

Puzzle

Encaje negro
y humedad de trinchera,
los rizos en copa de elixir
y rastro de rímel
en la boca del marinero;


aritmética del orgasmo,
un día de sombreros grises
y sabanas color de sangre.


Después,
hablando de un cartel
y del olvido de los besos,
la intimidad
de su dulce voz decía: no te engañes,
la admiras y la amas;


así, de una evidencia,
me desnudó hasta los huesos.


No pasa nada,
la vida muere en su pequeñez
y la naranja
en el silencio amargo
de un azul metamorfosis.

domingo, 13 de noviembre de 2011

Léo Ferré

Le bonheur, c'est du chagrin qui se repose. Léo Ferré



Écoute, écoute... Dans le silence de la mer, il y a comme un balancement maudit qui vous met le coeur à l'heure, avec le sable qui se remonte un peu, comme les vieilles putes qui remontent leur peau, qui tirent la couverture.


Immobile... L'immobilité, ça dérange le siècle.
C'est un peu le sourire de la vitesse, et ça sourit pas lerche, la vitesse, en ces temps.
Les amants de la mer s'en vont en Bretagne ou à Tahiti...
C'est vraiment con, les amants.


IL n'y a plus rien


Camarade maudit, camarade misère...
Misère, c'était le nom de ma chienne qui n'avait que trois pattes.
L'autre, le destin la lui avait mise de côté pour les olympiades de la bouffe et des culs semestriels qu'elle accrochait dans les buissons pour y aller de sa progéniture.
Elle est partie, Misère, dans des cahots, quelque part dans la nuit des chiens.
Camarade tranquille, camarade prospère,
Quand tu rentreras chez toi
Pourquoi chez toi?
Quand tu rentreras dans ta boîte, rue d'Alésia ou du Faubourg
Si tu trouves quelqu'un qui dort dans ton lit,
Si tu y trouves quelqu'un qui dort
Alors va-t-en, dans le matin clairet
Seul
Te marie pas
Si c'est ta femme qui est là, réveille-la de sa mort imagée


Fous-lui une baffe, comme à une qui aurait une syncope ou une crise de nerfs...
Tu pourras lui dire: "T'as pas honte de t'assumer comme ça dans ta liquide sénescence.
Dis, t'as pas honte? Alors qu'il y a quatre-vingt-dix mille espèces de fleurs?
Espèce de conne!
Et barre-toi!
Divorce-la
Te marie pas!
Tu peux tout faire:
T'empaqueter dans le désordre, pour l'honneur, pour la conservation du titre...


Le désordre, c'est l'ordre moins le pouvoir!


Il n'y a plus rien


Je suis un nègre blanc qui mange du cirage
Parce qu'il se fait chier à être blanc, ce nègre,
Il en a marre qu'on lui dise: " Sale blanc!"


A Marseille, la sardine qui bouche le Port
Était bourrée d'héroïne
Et les hommes-grenouilles n'en sont pas revenus...
Libérez les sardines
Et y'aura plus de mareyeurs!


Si tu savais ce que je sais
On te montrerait du doigt dans la rue
Alors il vaut mieux que tu ne saches rien
Comme ça, au moins, tu es peinard, anonyme, Citoyen!


Tu as droit, Citoyen, au minimum décent
A la publicité des enzymes et du charme
Au trafic des dollars et aux traficants d'armes
Qui traînent les journaux dans la boue et le sang
Tu as droit à ce bruit de la mer qui descend
Et si tu veux la prendre elle te fera du charme
Avec le vent au cul et des sextants d'alarme
Et la mer reviendra sans toi si tu es méchant


Les mots... toujours les mots, bien sûr!
Citoyens! Aux armes!
Aux pépées, Citoyens! A l'Amour, Citoyens!
Nous entrerons dans la carrière quand nous aurons cassé la gueule à nos ainés!
Les préfectures sont des monuments en airain... un coup d'aile d'oiseau ne les entame même pas... C'est vous dire!


Nous ne sommes même plus des juifs allemands
Nous ne sommes plus rien


Il n'y a plus rien


Des futals bien coupés sur lesquels lorgnent les gosses, certes!
Des poitrines occupées
Des ventres vacants
Arrange-toi avec ça!


Le sourire de ceux qui font chauffer leur gamelle sur les plages reconverties et démoustiquées
C'est-à-dire en enfer, là où Dieu met ses lunettes noires pour ne pas risquer d'être reconnu par ses admirateurs
Dieu est une idole, aussi!
Sous les pavés il n'y a plus la plage
Il y a l'enfer et la Sécurité
Notre vraie vie n'est pas ailleurs, elle est ici
Nous sommes au monde, on nous l'a assez dit
N'en déplaise à la littérature


Les mots, nous leur mettons des masques, un bâillon sur la tronche
A l'encyclopédie, les mots!
Et nous partons avec nos cris!
Et voilà!


Il n'y a plus rien... plus, plus rien


Je suis un chien?
Perhaps!
Je suis un rat
Rien


Avec le coeur battant jusqu'à la dernière battue


Nous arrivons avec nos accessoires pour faire le ménage dans la tête des gens:
"Apprends donc à te coucher tout nu!
"Fous en l'air tes pantoufles!
"Renverse tes chaises!
"Mange debout!
"Assois-toi sur des tonnes d'inconvenances et montre-toi à la fenêtre en gueulant des gueulantes de principe


Si jamais tu t'aperçois que ta révolte s'encroûte et devient une habituelle révolte, alors,
Sors
Marche
Crève
Baise
Aime enfin les arbres, les bêtes et détourne-toi du conforme et de l'inconforme
Lâche ces notions, si ce sont des notions
Rien ne vaut la peine de rien


Il n'y a plus rien... plus, plus rien


Invente des formules de nuit: CLN... C'est la nuit!
Même au soleil, surtout au soleil, c'est la nuit
Tu peux crever... Les gens ne retiendront même pas une de leur inspiration.
Ils canaliseront sur toi leur air vicié en des regrets éternels puant le certificat d'études et le catéchisme ombilical.
C'est vraiment dégueulasse
Ils te tairont, les gens.
Les gens taisent l'autre, toujours.
Regarde, à table, quand ils mangent...
Ils s'engouffrent dans l'innommé
Ils se dépassent eux-mêmes et s'en vont vers l'ordure et le rot ponctuel!


La ponctuation de l'absurde, c'est bien ce renversement des réacteurs abdominaux, comme à l'atterrissage: on rote et on arrête le massacre.
Sur les pistes de l'inconscient, il y a des balises baveuses toujours un peu se souvenant du frichti, de l'organe, du repu.


Mes plus beaux souvenirs sont d'une autre planète
Où les bouchers vendaient de l'homme à la criée


Moi, je suis de la race ferroviaire qui regarde passer les vaches
Si on ne mangeait pas les vaches, les moutons et les restes
Nous ne connaîtrions ni les vaches, ni les moutons, ni les restes...
Au bout du compte, on nous élève pour nous becqueter
Alors, becquetons!
Côte à l'os pour deux personnes, tu connais?


Heureusement il y a le lit: un parking!
Tu viens, mon amour?
Et puis, c'est comme à la roulette: on mise, on mise...
Si la roulette n'avait qu'un trou, on nous ferait miser quand même
D'ailleurs, c'est ce qu'on fait!
Je comprends les joueurs: ils ont trente-cinq chances de ne pas se faire mettre...
Et ils mettent, ils mettent...
Le drame, dans le couple, c'est qu'on est deux
Et qu'il n'y a qu'un trou dans la roulette...


Quand je vois un couple dans la rue, je change de trottoir


Te marie pas
Ne vote pas
Sinon t'es coincé


Elle était belle comme la révolte
Nous l'avions dans les yeux,
Dans les bras dans nos futals
Elle s'appelait l'imagination


Elle dormait comme une morte, elle était comme morte
Elle sommeillait
On l'enterra de mémoire


Dans le cocktail Molotov, il faut mettre du Martini, mon petit!


Transbahutez vos idées comme de la drogue... Tu risques rien à la frontière
Rien dans les mains
Rien dans les poches


Tout dans la tronche!


- Vous n'avez rien à déclarer?
- Non.
- Comment vous nommez-vous?
- Karl Marx.
- Allez, passez!


Nous partîmes... Nous étions une poignée...
Nous nous retrouverons bientôt démunis, seuls, avec nos projets d'imagination dans le passé
Écoutez-les... Écoutez-les...
Ça rape comme le vin nouveau
Nous partîmes... Nous étions une poignée
Bientôt ça débordera sur les trottoirs
La parlote ça n'est pas un détonateur suffisant
Le silence armé, c'est bien, mais il faut bien fermer sa gueule...
Toutes des concierges!
Écoutez-les...


Il n'y a plus rien


Si les morts se levaient?
Hein?


Nous étions combien?
Ça ira!


La tristesse, toujours la tristesse...


Ils chantaient, ils chantaient...
Dans les rues...


Te marie pas Ceux de San Francisco, de Paris, de Milan
Et ceux de Mexico
Bras dessus bras dessous
Bien accrochés au rêve


Ne vote pas


0 DC8 des Pélicans
Cigognes qui partent à l'heure
Labrador Lèvres des bisons
J'invente en bas des rennes bleus
En habit rouge du couchant
Je vais à l'Ouest de ma mémoire
Vers la Clarté vers la Clarté


Je m'éclaire la Nuit dans le noir de mes nerfs
Dans l'or de mes cheveux j'ai mis cent mille watts
Des circuits sont en panne dans le fond de ma viande
J'imagine le téléphone dans une lande
Celle où nous nous voyons moi et moi
Dans cette brume obscène au crépuscule teint
Je ne suis qu'un voyant embarrassé de signes
Mes circuits déconnectent
Je ne suis qu'un binaire


Mon fils, il faut lever le camp comme lève la pâte
Il est tôt Lève-toi Prends du vin pour la route
Dégaine-toi du rêve anxieux des biens assis
Roule Roule mon fils vers l'étoile idéale
Tu te rencontreras Tu te reconnaîtras
Ton dessin devant toi, tu rentreras dedans
La mue ça ses fait à l'envers dans ce monde inventif
Tu reprendras ta voix de fille et chanteras Demain
Retourne tes yeux au-dedans de toi
Quand tu auras passé le mur du mur
Quand tu auras autrepassé ta vision
Alors tu verras rien


Il n'y a plus rien


Que les pères et les mères
Que ceux qui t'ont fait
Que ceux qui ont fait tous les autres
Que les "monsieur"
Que les "madame"
Que les "assis" dans les velours glacés, soumis, mollasses
Que ces horribles magasins bipèdes et roulants
Qui portent tout en devanture
Tous ceux-là à qui tu pourras dire:


Monsieur!
Madame!


Laissez donc ces gens-là tranquilles
Ces courbettes imaginées que vous leur inventez
Ces désespoirs soumis
Toute cette tristesse qui se lève le matin à heure fixe pour aller gagner VOS sous,
Avec les poumons resserrés
Les mains grandies par l'outrage et les bonnes moeurs
Les yeux défaits par les veilles soucieuses...
Et vous comptez vos sous?
Pardon.... LEURS sous!


Ce qui vous déshonore
C'est la propreté administrative, écologique dont vous tirez orgueil
Dans vos salles de bains climatisées
Dans vos bidets déserts
En vos miroirs menteurs...


Vous faites mentir les miroirs
Vous êtes puissants au point de vous refléter tels que vous êtes
Cravatés
Envisonnés
Empapaoutés de morgue et d'ennui dans l'eau verte qui descend
des montagnes et que vous vous êtes arrangés pour soumettre
A un point donné
A heure fixe
Pour vos narcissiques partouzes.
Vous vous regardez et vous ne pouvez même plus vous reconnaître
Tellement vous êtes beaux
Et vous comptez vos sous
En long
En large
En marge
De ces salaires que vous lâchez avec précision
Avec parcimonie
J'allais dire "en douce" comme ces aquilons avant-coureurs et qui racontent les exploits du bol alimentaire, avec cet apparat vengeur et nivellateur qui empêche toute identification...
Je veux dire que pour exploiter votre prochain, vous êtes les champions de l'anonymat.


Les révolutions? Parlons-en!
Je veux parler des révolutions qu'on peut encore montrer
Parce qu'elles vous servent,
Parce qu'elles vous ont toujours servis,
Ces révolutions de "l'histoire",
Parce que les "histoires" ça vous amuse, avant de vous intéresser,
Et quand ça vous intéresse, il est trop tard, on vous dit qu'il s'en prépare une autre.
Lorsque quelque chose d'inédit vous choque et vous gêne,
Vous vous arrangez la veille, toujours la veille, pour retenir une place
Dans un palace d'exilés, entouré du prestige des déracinés.
Les racines profondes de ce pays, c'est Vous, paraît-il,
Et quand on vous transbahute d'un "désordre de la rue", comme vous dites, à un "ordre nouveau" comme ils disent, vous vous faites greffer au retour et on vous salue.


Depuis deux cent ans, vous prenez des billets pour les révolutions.
Vous seriez même tentés d'y apporter votre petit panier,
Pour n'en pas perdre une miette, n'est-ce-pas?
Et les "vauriens" qui vous amusent, ces "vauriens" qui vous dérangent aussi, on les enveloppe dans un fait divers pendant que vous enveloppez les "vôtres" dans un drapeau.


Vous vous croyez toujours, vous autres, dans un haras!
La race ça vous tient debout dans ce monde que vous avez assis.
Vous avez le style du pouvoir
Vous en arrivez même à vous parler à vous-mêmes
Comme si vous parliez à vos subordonnés,
De peur de quitter votre stature, vos boursouflures, de peur qu'on vous montre du doigt, dans les corridors de l'ennui, et qu'on se dise: "Tiens, il baisse, il va finir par se plier, par ramper"
Soyez tranquilles! Pour la reptation, vous êtes imbattables; seulement, vous ne vous la concédez que dans la métaphore...
Vous voulez bien vous allonger mais avec de l'allure,
Cette "allure" que vous portez, Monsieur, à votre boutonnière,
Et quand on sait ce qu'a pu vous coûter de silences aigres,
De renvois mal aiguillés
De demi-sourires séchés comme des larmes,
Ce ruban malheureux et rouge comme la honte dont vous ne vous êtes jamais décidé à empourprer votre visage,
Je me demande comment et pourquoi la Nature met
Tant d'entêtement,
Tant d'adresse
Et tant d'indifférence biologique
A faire que vos fils ressemblent à ce point à leurs pères,
Depuis les jupes de vos femmes matrimoniaires
Jusqu'aux salonnardes équivoques où vous les dressez à boire,
Dans votre grand monde,
A la coupe des bien-pensants.


Moi, je suis un bâtard.
Nous sommes tous des bâtards.
Ce qui nous sépare, aujourd'hui, c'est que votre bâtardise à vous est sanctionnée par le code civil
Sur lequel, avec votre permission, je me plais à cracher, avant de prendre congé.
Soyez tranquilles, Vous ne risquez Rien


Il n'y a plus rien


Et ce rien, on vous le laisse!
Foutez-vous en jusque-là, si vous pouvez,
Nous, on peut pas.
Un jour, dans dix mille ans,
Quand vous ne serez plus là,
Nous aurons TOUT
Rien de vous
Tout de nous
Nous aurons eu le temps d'inventer la Vie, la Beauté, la Jeunesse,
Les Larmes qui brilleront comme des émeraudes dans les yeux des filles,
Le sourire des bêtes enfin détraquées,
La priorité à Gauche, permettez!


Nous ne mourrons plus de rien
Nous vivrons de tout


Et les microbes de la connerie que nous n'aurez pas manqué de nous léguer, montant
De vos fumures
De vos livres engrangés dans vos silothèques
De vos documents publics
De vos règlements d'administration pénitentiaire
De vos décrets
De vos prières, même,
Tous ces microbes...
Soyez tranquilles,
Nous aurons déjà des machines pour les révoquer


NOUS AURONS TOUT


Dans dix mille ans.

miércoles, 2 de noviembre de 2011

Raymond Queneau



Pour un art poétique

Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir' comme des œufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d'innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et mettez les voiles
Où voulez vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?



No sé si conocéis este libro de Raymond Queneau “Cent mille miliards de poèmes” (1961), conocido en español con el título “cien mil millones de poemas” (en realidad son tres ceros más) El libro está compuesto de diez páginas que contienen cada una un soneto. Como se puede ver en la foto, cada verso está escrito en una lengüeta, y cada verso-lengüeta es intercambiable con los otros. De manera que, cada vez que arbitrariamente se disponen catorce lengüetas distintas se da a la luz un soneto diferente. Según dicen, leyendo 24h/24h, doscientos millones de años serían necesarios para leer todos los sonetos posibles.


martes, 1 de noviembre de 2011

Viaje a Raron (R) con voz


Viaje a Raron, en la voz de Eva Simarro Cordero.
Gracias amiga, eres un sol.


La luna se desliza en el alba
bailando palabras que rompen
como las olas desplegadas
contra el muro de esa terraza
que vive para mirar el mar.
Brazos rodeando las piernas,
el mentón sobre las rodillas,
llegan los ruidos de la mañana
al café de las dulces madrugadas.
Pronto iniciaremos un largo viaje
-ella no lo sabe todavía-
un viaje dibujado en las curvas
cuando el sol pinta sombras
que se alargan en las fachadas
y los grillos cantan casi nanas.
Subiré por las calles empinadas,
abriré su puerta
y mirándola a los ojos,
tan profundos como claros,
le diré : - ¡ven, nos vamos!
Su mano en mi mano,
muy ligeros de equipaje; un libro
y un cuaderno de escritura.
Haremos un viaje sin etapas
las únicas paradas serán deseos
desafiando al tiempo y a la muerte.
Visitaremos a Rilke
cerca de la antigua iglesia de Raron
le dejaremos en ofrenda una promesa,
un poema azul y un pétalo frambuesa.
Después será inútil fingir los sueños
en la constelación de astros muertos,
será inútil despertar,
porque comprenderemos lo que no se ve.
Ella no lo sabe todavía.

sábado, 29 de octubre de 2011

Serge Pey


Nous ne sommes pas de la race des souhaits.
L’infini est dans notre finitude. La liberté du nuage nous est chère.
Serge Pey. Né à Toulouse 1950.




Ce matin l’éternité a duré très peu de temps
dans la lumière
Elle s’est pendue à un arbre
au bout de la corde d’un oiseau


Mais son chant a été plus grand
que l’éternité toute entière


Le ciel est brûlant
Le soleil est bleu


Notre poésie ne fait que déplacer des adjectifs
dans les définitions


Ce n'est pas notre guerre
mais nous faisons partie de ce monde
Ce n'est pas notre monde
mais nous faisons partie de cette guerre


Plus nous sommes près du danger
plus nous sommes en paix


Le temps a des éternités que le temps ne connaît pas


Nos adjectifs ne font que déplacer la poésie :
Le ciel est bleu
Le soleil est brûlant


Le lieu commun peut prendre
sa place dans un poème
en s’arrêtant d’être commun
et en désignant soudain un lieu
que nous n’avons jamais cessé de voir


Le bleu est devenu brûlant
et notre guerre ne fait
pas partie de ce monde


Là-haut au début du poème
l’oiseau s’est libéré de la corde
et l’éternité tout entière s’est remise à chanter
(Premier Janvier 2006)

viernes, 28 de octubre de 2011

Marceline Desbordes-Valmore

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)


N'écris pas


N'écris pas -Je suis triste, et je voudrais m'éteindre
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau
N'écris pas !
N'écris pas - N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes
Ne demande qu'à Dieu ... qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais
N'écris pas !
N'écris pas - Je te crains; j'ai peur de ma mémoire;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire
Une chère écriture est un portrait vivant
N'écris pas !
N'écris pas ces mots doux que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur;
Et que je les vois brûler à travers ton sourire;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur
N'écris pas !






Les roses de Saadi


J'ai voulu, ce matin, te rapporter des roses;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrées n'ont pu les contenir.


Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir;


La vague en a paru rouge et comme enflammée :
Ce soir, ma robe encore en est toute embaumée…
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
Poésies, 1830.

jueves, 27 de octubre de 2011

Jean Cocteau


Hommage à E. Satie.


Madame Henri Rousseau
monte en ballon captif
Elle tient un arbrisseau
Et le douanier Rousseau
prend son apéritif


L'aloès gonflé de lune
Et l'arbre à fauteuils
Et ce beau costume
Et la belle lune
Sur les belles feuilles


Le lion d'Afrique
Son ventre gros comme un sac
Au pied de la République
Le lion d'Afrique
Dévore le cheval de fiacre


La lune entre dans la flûte
Du charmeur noir
Yadwigha endormie écoute
Et il sort de la douce flûte
Un morceau en forme de poire.



El poeta es exacto. La poesía es exactitud...


El poeta es exacto. La poesía es exactitud. Desde Baudelaire, el público ha comprendido, poco a poco, que la poesía es uno de los medios más insolentes de decir la verdad. 
No existe arma de mayor precisión; y para defenderse, con una defensa instintiva, de la angustia de la exactitud y de las claridades reveladoras, se obstinan las gentes en confundir la poesía con la mentira, la viveza de espíritu con la paradoja. 
¿Para qué referir una historia que no lleve en sí el peso inimitable de la verdad? ¿Para qué Memorias imaginarias, falsas anécdotas, frases que se equivocan de labios y recuerdos pintorescos? El peso muerto de la inexactitud abruma de fatiga.
Muy distinto es el haz de luz de un proyector, que se pasea por la superficie de esa noche acumulada detrás de cada uno de nosotros y que se detiene sobre un rostro, un acto o un lugar significativos, de forma que les dé el máximo de fuerza expresiva y de resurrección.[...] 

1934-1935. Un telón cae, un telón se levanta. La vida ha muerto, viva la vida! Ha muerto una época, que he vivido desde su comienzo intensamente, pero contra toda mi voluntad; mis antenas me anuncian que empieza una era nueva en la que entreveo la nobleza cuyos signos me agradan. Aprovecho unos minutos de entreacto para levantarme, descansar, volverme y pasear mi anteojo. [...] 

Un señor, cuyo papel de cartas se embellece con profusión de lugares comunes grabados: Legión de Honor..., Palmas Académicas... , teléfono... , telégrafo... , me censura el empleo de lugares comunes que ruedan por todas partes. Yo enrojecería de vergüenza si el periodismo no me diera el ejemplo y el estilo frívolo que exige no comportase el uso de tales términos; unos, sin excusa; otros, magníficos, firmes en sus pedestales de mármol puro, verdaderas obras maestras de los siglos. ¿Nacieron alguna, vez? ¿Salieron, sin padre, del fondo de las excavaciones? 
Un agricultor encuentra los brazos de la Venus de Milo. ¿A quién pertenecen? ¿A la Venus de Milo o al agricultor? Pertenecen al mito. Se abrazan al cuello de la poesía. Son serpientes blancas que tienen vida propia. ¡Qué delicia emplear los: «No obstante », "En resumen », «Por lo demás... », «Aparte de », «En una palabra » que se ensamblan ellos solos como fragmentos de un puzzle! 
Perdóname, lector. Compréndeme. Ayúdame. Juega conmigo. No te quedes en pie delante de mi mesa. Conviene escribir y leer juntos esta prosa con plantilla y por retazos.


Fragmento de "Retratos-Recuerdo" 1935
Traducción de Enrique López Martín
De "Obras escogidas" Editorial Aguilar 1966

miércoles, 26 de octubre de 2011

Il n’y a d’autre amour que Toi




Incertitude constante
Il n’y a d’autre amour que Toi.

martes, 25 de octubre de 2011

Bouche de lumière (Bilingüe)


Bouche de lumière
Dans l’impasse de ton intimité
Les boucles ondulent
Au centre de mon imagination.

Boca de luz
En el callejón de tu intimidad
Los rizos ondulan
Hacia el centro de mi imaginación.

sábado, 22 de octubre de 2011

Lautréamont

Isidore Ducasse dit Comte de Lautréamont

"Lautréamont es el único hombre que ha sobrepasado la locura. Todos nosotros no estamos locos, pero podemos estarlo. Él, con este libro se sustrajo a esa posibilidad, la rebasó".
Ramón Gómez de la Serna



Chants de Maldoror
CHANT IV, 4
Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n’ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la chair. Cependant mon cœur bat. Mais comment battrait-il, si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre(je n’ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et, quand l’un d’eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez garde qu’il ne s’en échappe un, et ne vienne gratter, avec sa bouche, le dedans de votre oreille : il serait ensuite capable d’entrer dans votre cerveau. Sous mon aisselle droite, il y a un caméléon qui leur fait une chasse perpétuelle, afin de ne pas mourir de faim : il faut que chacun vive. Mais, quand un parti déjoue complètement les ruses de l’autre, ils ne trouvent rien de mieux que de ne pas se gêner, et sucent la graisse délicate qui couvre mes côtes : j’y suis habitué. Une vipère méchante a dévoré ma verge et a pris sa place : elle m’a rendu eunuque, cette infâme. Oh ! si j’avais pu me défendre avec mes bras paralysés ; mais, je crois plutôt qu’ils se sont changés en bûches. Quoi qu’il en soit, il importe de constater que le sang ne vient plus y promener sa rougeur. Deux petits hérissons, qui ne croissent plus, ont jeté à un chien, qui n’a pas refusé, l’intérieur de mes testicules : l’épiderme, soigneusement lavé, ils ont logé dedans. L’anus a été intercepté par un crabe ; encouragé par mon inertie, il garde l’entrée avec ses pinces, et me fait beaucoup de mal ! Deux méduses ont franchi les mers, immédiatement alléchées par un espoir qui ne fut pas trompé. Elles ont regardé avec attention les deux parties charnues qui forment le derrière humain, et, se cramponnant à leur galbe convexe, elles les ont tellement écrasées par une pression constante, que les deux morceaux de chair ont disparu, tandis qu’il est resté deux monstres, sortis du royaume de la viscosité, égaux par la couleur, la forme et la férocité. Ne parlez pas de ma colonne vertébrale, puisque c’est un glaive. Oui, oui... je n’y faisais pas attention... votre demande est juste. Vous désirez savoir, n’est-ce pas, comment il se trouve implanté verticalement dans mes reins ? Moi-même, je ne me le rappelle pas très clairement ;cependant, si je me décide à prendre pour un souvenir ce qui n’est peut-être qu’un rêve, sachez que l’homme, quand il a su que j’avais fait vœu de vivre avec la maladie et l’immobilité jusqu’à ce que j’eusse vaincu le Créateur, marcha, derrière moi, sur la pointe des pieds, mais, non pas si doucement, que je ne l’entendisse. Je ne perçus plus rien, pendant un instant qui ne fut pas long. Ce poignard aigu s’enfonça, jusqu’au manche, entre les deux épaules du taureau des fêtes, et son ossature frissonna, comme un tremblement de terre. La lame adhère si fortement au corps, que personne, jusqu’ici, n’a pu l’extraire. Les athlètes, les mécaniciens, les philosophes, les médecins ont essayé, tour à tour, les moyens les plus divers. Ils ne savaient pas que le mal qu’a fait l’homme ne peut plus se défaire ! J’ai pardonné à la profondeur de leur ignorance native, et je les ai salués des paupières de mes yeux. Voyageur, quand tu passeras près de moi, ne m’adresse pas, je t’en supplie, le moindre mot de consolation : tu affaiblirais mon courage. Laisse-moi réchauffer ma ténacité à la flamme du martyre volontaire. Va-t’en... que je ne t’inspire aucune piété. La haine est plus bizarre que tu ne le penses ; sa conduite est inexplicable, comme l’apparence brisée d’un bâton enfoncé dans l’eau. Tel que tu me vois, je puis encore faire des excursions jusqu’aux murailles du ciel, à la tête d’une légion d’assassins, et revenir prendre cette posture, pour méditer, de nouveau, sur les nobles projets de la vengeance. Adieu, je ne te retarderai pas davantage ; et, pour t’instruire et te préserver, réfléchis au sort fatal qui m’a conduit à la révolte, quand peut-être j’étais né bon ! Tu raconteras à ton fils ce que tu as vu ; et, le prenant par la main, fais-lui admirer la beauté des étoiles et les merveilles de l’univers, le nid du rouge-gorge et les temples du Seigneur. Tu seras étonné de le voir si docile aux conseils de la paternité, et tu le récompenseras par un sourire. Mais, quand il apprendra qu’il n’est pas observé, jette les yeux sur lui, et tu le verras cracher sa bave sur la vertu ; il t’a trompé, celui qui est descendu de la race humaine, mais, il ne te trompera plus : tu sauras désormais ce qu’il deviendra. Ô père infortuné, prépare, pour accompagner les pas de ta vieillesse, l’échafaud ineffaçable qui tranchera la tête d’un criminel précoce, et la douleur qui te montrera le chemin qui conduit à la tombe.